Les types de conflits susceptibles d’être abordés en médiation familiale spécifiques au secteur rural et agricole :
- Séparations conjugales :
- séparations des biens et remise en cause des modalités du travail
- indisponibilité pour l’accueil et prise en charge de l’enfant liée à l’activité professionnelle,
- poursuite du travail sur l’exploitation malgré la séparation conjugale…
- Conflits intergénérationnels :
- implication, ingérence des grands-parents retraités, la cohabitation sur l’exploitation
- relations professionnelles parent(s)/enfant(s), imbrication des relations affectives (« fait de ton fils ton frère » – citation issue de Mohican d’Eric FOTORINO)
- Cessation d’activité / transmission du patrimoine
- Discorde dans la fratrie ou avec d’éventuels associés
- Rôles parentaux et conciliation vie professionnelle – vie familiale :
- manque de disponibilité, conditions de vie des femmes, partage des tâches…
- Couples mixtes (conjoint exploitant et non exploitant…)
- Relations aidants/aidés
- Prise en charge du parent vieillissant
- Obligation alimentaire
Dans le cadre de sa politique familiale et d’appui à la parentalité, la Caisse Centrale de la Mutualité Sociale Agricole a estimé nécessaire de soutenir le développement de la médiation familiale dans sa stratégie.
Les médiés pouvant faire appels à de la médiation sont souvent des exploitants et aidants de personnes dépendantes, âgées ou handicapées
Plaquette via le site de la MSA:
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L’omerta des violences conjugales en zone rurale
Tout le monde sait… Mais personne ne dit rien. Dans les petites communes, chaque « maison » a un de ses membres au conseil municipal, à l’association de chasse, au comité des fêtes… De fait, il existe une espèce de solidarité sociale qui préserve l’intimité de chaque famille. On ne va pas regarder ce qui se passe chez le voisin ce qui garantit sa propre intimité. Les situations de violence ne sont pas dénoncées et il arrive même qu’il soit parfois difficile, pour les victimes, de les faire reconnaître, lorsqu’elles vont à la gendarmerie par exemple (quand cela ne se retourne pas contre elles, accusé(e)s de folie…).
La difficulté à se déplacer peut être un facteur aggravant, liée à l’absence de lieux « neutres » où les souffrances pourraient être dites. Ainsi, pour se déplacer dans un service social, cela peut prendre trois ou quatre heures ; cette absence sur le lieu de travail ne peut pas rester inaperçue, notamment lorsque l’emploi du temps est minuté, comme souvent.
Le manque de perspectives d’autonomie renforce l’emprise : pas de travail sur place, que faire ? Lorsqu’il y a des enfants, le choix devient cornélien : partir avec les enfants si la peur est trop grande au prix que les enfants ne voient plus l’un des deux parents, ou rester, « supporter » et continuer à vivre avec la peur ?
Dans le cas spécifique des entreprises familiales, les enjeux financiers (et les risques de culpabilisation et de chantage inhérent) ne peuvent être éludés.
La présence fréquente d’armes de chasse à la maison rend les menaces encore plus prégnantes.
Le médiateur familial s’interdit de mener un processus de médiation lorsqu’il y a violences structurelles, certes… Mais en réalité, sommes-nous suffisamment informés pour repérer ces situations, lorsque les personnes n’osent pas en parler pendant les séances ? Ne peut-on « passer à côté » et laisser l’espace à une instrumentalisation de la séance de médiation qui renforcerait le côté de domination ou qui exacerberait la violence qui se jouerait ensuite, hors de nos murs, dans le huis clos habituel ?
Et à l’inverse, la violence dénoncée ne peut-elle être, parfois, qu’une accusation qui permet de nier ses propres responsabilités dans l’histoire vécue ?
Le risque de manipulation existe bel et bien et il ne nous reste bien souvent que notre ressenti interne et, heureusement, les groupes d’analyse de la pratique, pour juger de nos limites et de celles de la médiation.